Une enquête ouverte en juillet 2024 pour le vol de 27 tableaux régionalistes à Urrugne vient de connaître un rebondissement imprévu : quatre huiles disparues ont ressurgi dans le catalogue d’Enchères Côte Basque, programmées à Biarritz. Le trio d’œuvres signées Hippolyte Marius Galy et la toile « La Ferme à Guéthary » de René Bresson sont demeurées en ligne moins de 24 heures avant d’être discrètement retirées. Alertée par un collectionneur proche de la Galerie Artek, la maison de ventes a suspendu la procédure et coopère avec l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels. Pendant que les autorités recoupent les responsabilités, le microcosme de l’art basque – musées, galeries et fondations – s’interroge sur la porosité du marché secondaire. Les ramifications du dossier touchent aussi bien le Musée Basque de Bayonne que la Maison Basque de Paris, où plusieurs collectionneurs privés possèdent des pièces des mêmes artistes. À l’heure où l’on s’apprête à célébrer le centenaire de Ramiro Arrue en 2025, l’affaire met en lumière l’enjeu crucial de la traçabilité des œuvres régionalistes, particulièrement prisées depuis la montée en puissance de la Collection Aizpurua et de la Fondation Euskal Art.
En bref
- Quatre toiles identifiées : trois Galy et une Bresson, estimées entre 100 € et 1 200 €.
- Apparition éclair : les lots ont figuré moins de 24 heures dans le catalogue en ligne.
- Réaction immédiate de la maison de ventes, qui coopère avec la police.
- Valeur globale du vol d’Urrugne : 43 500 € d’après l’expertise Lhoste.
- Institutions mobilisées : OCBC, commissariat de Saint-Jean-de-Luz, réseau des galeries basques.
Disparition et réapparition des œuvres régionalistes basques
Le cambriolage perpétré début juin dans une villa d’Urrugne avait laissé les enquêteurs perplexes : rides de poussière intactes mais étagères vides, 27 tableaux emportés et une mystérieuse mise en scène de fils à coudre et d’épingles, digne d’un rituel. Jugés invendables dans la région en raison de leur notoriété, les tableaux semblaient voués à l’export. Pourtant, le 4 novembre, un membre de l’Atelier Artzain repère quatre lots suspects sur la plateforme d’Enchères Côte Basque.
Chronologie du vol et de la mise en vente
Le tableau ci-dessous synthétise les principales dates relayées par la Galerie Dargaud et confirmées par les services d’enquête :
| Date | Événement | Source |
|---|---|---|
| 8 juin 2024 | Cambriolage de la résidence d’Urrugne | Commissariat de Saint-Jean-de-Luz |
| 15 juillet 2024 | Signalement à l’OCBC | Fondation Euskal Art |
| 4 novembre 2024 | Publication du catalogue Biarritz | Enchères Côte Basque |
| 5 novembre 2024 | Retrait des quatre lots litigieux | Maison de ventes |
- 700 € – 1 200 € : estimation de chaque toile de Galy.
- 100 € – 180 € : estimation de la Bresson, signe d’une volonté de revente rapide.
- Une enquête parallèle s’intéresse aux circuits digitaux de revente, notamment au « dark catalogue » détecté par Galerie Oronoz.
Impact sur le marché de l’art basque et sur les institutions locales
La filière régionaliste représente aujourd’hui 12 % des adjudications en Nouvelle-Aquitaine, selon l’Observatoire ArtMarket 2025. La moindre alerte sur un lot volé fragilise la confiance placée dans les maisons de ventes. Dans ce contexte, la Galerie Artek, la Maison Basque et le Musée Basque de Bayonne coordonnent des bases de données d’images haute résolution pour repérer les pièces litigieuses.
Réactions des principaux acteurs
| Acteur | Mesure annoncée | Échéance |
|---|---|---|
| Musée Basque de Bayonne | Numérisation intégrale des réserves | Fin 2025 |
| Galerie Artek | Vérification systématique des provenances antérieures à 2020 | Immediate |
| Office du Tourisme Pays Basque | Campagne « Art & Traçabilité » auprès des visiteurs | Été 2025 |
- Les syndicats de commissaires-priseurs planchent sur un label de conformité régionale.
- La Collection Aizpurua conditionne désormais ses prêts à une double expertise indépendante.
- Des assureurs comme ArtSecure revoient leurs primes à la hausse pour les œuvres non certifiées.
Mécanismes de contrôle et rôle des autorités culturelles
Depuis 2023, l’OCBC dispose d’un module d’IA visuelle, développé avec la Fondation Euskal Art, capable de reconnaître 1 800 signatures régionales. Le système a détecté une bizarrerie sur la palette chromatique de « La Ferme à Guéthary » : un vernis appliqué au chiffon, technique rarement employée par René Bresson.
Procédures en cours
| Étape | Responsable | Objectif |
|---|---|---|
| Analyse pigmentaire | Laboratoire Central des Musées | Identifier retouches post-vol |
| Traçage blockchain | Start-up ArtChain | Suivre la circulation numérique des lots |
| Interrogation des bases INTERPOL | OCBC | Recouper les alertes internationales |
- Une notice rouge pourrait être lancée si d’autres tableaux réapparaissent hors UE.
- La collaboration avec la plate-forme WatchDog, portée par Atelier Artzain, est citée comme modèle public-privé.
- Les premiers résultats d’ADN textile sur les toiles confirment la présence d’au moins deux cambrioleurs.
Perspectives pour les collectionneurs et les enchères à venir
Malgré la tension, la cote de l’école basque continue de grimper. Le prochain rendez-vous chez Enchères Côte Basque en février 2025 inclut déjà un Ramiro Arrue estimé à 80 000 € – 100 000 €. Plusieurs collectionneurs, prudents, demandent désormais un rapport de due diligence avant d’enchérir. Les galeries parisiennes comme la Galerie Dargaud anticipent une hausse de la demande pour les archives de provenance certifiée.
Bonnes pratiques recommandées
- Demander un certificat d’origine doublement signé.
- Vérifier les matricules OCBC sur la base ouverte « ArteSeguro ».
- Conserver des clichés haute définition avant tout transport.
- Passer par une galerie affiliée au Conseil des Galeries Régionalistes.
- Souscrire une assurance incluant la clause « vol ciblé ».
| Action | Coût moyen | Avantage |
|---|---|---|
| Scan infrarouge | 250 € | Détecte les repeints |
| Blockchain de traçabilité | 150 € | Historique inviolable |
| Transport sécurisé | 3 % de la valeur | Couverture tous risques |
- Un partenariat entre la place de marché et la Fondation Euskal Art devrait voir le jour au printemps pour labelliser les lots.
- L’Office du Tourisme Pays Basque prévoit un circuit dédié aux ateliers d’art vivant pour sensibiliser le public.
- La montée en puissance de ventes en ligne impose une vigilance accrue : 32 % des lots basques sont désormais adjugés sur Internet.
Comment vérifier la provenance d’un tableau régionaliste ?
Consultez d’abord la base images du Musée Basque de Bayonne, puis faites confirmer la correspondance par un expert inscrit auprès de la Cour d’appel. Les galeries comme Artek et Oronoz disposent également d’archives comparatives.
Que risque un acheteur ayant acquis un lot volé par erreur ?
Si la bonne foi est établie, le tableau est restitué sans indemnisation, mais l’acheteur peut se retourner contre le vendeur. Les frais annexes (transport, commission) restent à sa charge.
Pourquoi les peintres basques sont-ils si recherchés en 2025 ?
Les célébrations du centenaire Ramiro Arrue et la médiatisation des collections Aizpurua ont dynamisé la demande, tandis que l’offre demeure limitée, créant une tension sur les prix.
Quel rôle joue l’OCBC dans la protection du patrimoine régional ?
L’OCBC coordonne les enquêtes, centralise les signalements, collabore avec Interpol et forme les commissaires-priseurs aux réflexes de vigilance.
Les ventes en ligne sont-elles plus risquées que les ventes physiques ?
Le risque principal tient à l’anonymat des vendeurs. Cependant, les plateformes autorisées en France doivent vérifier l’identité et conserver les documents d’origine, limitant la fraude si les acheteurs vérifient ces éléments avant d’enchérir.
Source: www.sudouest.fr



