La filière de la pêche professionnelle traverse une période critique dans le bassin de l’Adour, marqué par la multiplication des faillites et l’attente insoutenable d’indemnisations promises par l’État. Dès le printemps 2025, la suspension de la pêche au filet, destinée à préserver le saumon atlantique menacé, a laissé les marins et leurs familles sans aucune ressource pendant des mois. Malgré le dépôt des dossiers auprès des autorités, la majorité des pêcheurs concernés n’a toujours pas bénéficié du soutien financier prévu par le fonds européen dédié. Face à cette situation, un climat de désespoir et d’urgence s’est installé, bouleversant l’équilibre déjà fragile du secteur. Le paysage social local subit de plein fouet l’impact de décisions administratives qui peinent à s’accompagner des compensations attendues.
Crise économique et vie quotidienne bouleversée des pêcheurs du bassin de l’Adour
Le bassin de l’Adour, réputé pour sa tradition halieutique, est aujourd’hui le théâtre d’une crise sans précédent. L’interdiction de toute activité de pêche au filet au début du mois d’avril 2025 a frappé de plein fouet une communauté de professionnels déjà fragilisée. Parmi eux, une quinzaine d’équipes n’a perçu aucun revenu depuis le début du moratoire, plongeant certaines familles dans l’incertitude la plus totale.
- Aucune rémunération perçue depuis plus de quatre mois pour la moitié des professionnels concernés.
- Les dettes liées à l’achat et à l’entretien des bateaux s’accumulent, menaçant directement la survie même de plusieurs entreprises familiales.
- L’angoisse gagne la population, avec des témoignages de marins en situation de burn-out et de difficultés psychologiques croissantes.
La perte de revenus brutale n’affecte pas que les pêcheurs eux-mêmes. Elle rejaillit sur la vie locale, du Béarn jusqu’au littoral basque, où commerçants et métiers satellites (mareyage, transport, réparation) subissent une contraction sans précédent de leur activité. Face à l’attente interminable de l’aide promise par l’État et l’Europe, la colère et le sentiment d’abandon montent.
| Nom de la structure | Statut actuel | Moins de 6 mois sans revenu | Dettes bancaires | Soutien reçu |
|---|---|---|---|---|
| Marins-pêcheurs Adour | En grande difficulté | 12/17 | En hausse | Non |
| Pêcheurs Oloron | Menacés de faillite | 6/8 | Critique | Non |
| Entreprises satellites | Chiffre d’affaires en chute | / | Stable | Non |
Surendettement et menaces de faillite : des conséquences immédiates
La crise se cristallise autour de la question du surendettement. Nombre de pĂŞcheurs rencontrent d’importantes difficultĂ©s Ă honorer les Ă©chĂ©ances bancaires de leurs navires et de leur matĂ©riel, accĂ©lĂ©rant la montĂ©e des faillites individuelles. Certains Ă©voquent n’être plus « dans le rouge, mais dans le noir », craignant une disparition pure et simple d’un pan entier du secteur.
- Échéances bancaires impayées augmentant le risque de saisie des navires.
- Absence de soutien financier, malgré des dossiers complets déposés auprès de FranceAgriMer.
- Fragilisation des liens professionnels : la solidarité commence à céder sous la pression.
Des témoignages recueillis sur place confirment qu’une partie de la filière locale risque de ne plus se relever, faute de repreneurs ou de nouveaux entrants dans la profession.
Suspension de la pêche au saumon dans l’Adour : causes, modalités et impacts
L’interdiction de la pêche au filet, appliquée à compter du 1er avril 2025, trouve son origine dans la volonté de préserver une population de saumon atlantique en fort déclin. Les autorités régionales et préfectorales ont choisi la suspension immédiate de toutes les autorisations de pêche au saumon, bien avant la fin prévue de la saison, afin de protéger l’espèce en danger critique.
- Le saumon atlantique est considéré comme un élément emblématique de la biodiversité du territoire.
- L’arrêt de la pêche commerciale et de loisir a été décidé sans anticipation suffisante des conséquences sociales et économiques.
- La période migratoire a été perdue pour la quasi-totalité des entreprises concernées.
Dans la perspective d’une vulnérabilité croissante face au changement climatique, la gestion des espèces de poissons migrateurs devient plus stricte, compliquant la vie des professionnels. Or, la date du 1er novembre, ouverture potentielle d’une nouvelle campagne, n’accordera que 80 jours d’activité, soit très loin des besoins annuels de rentabilité des marins.
| Décision administrative | Date de mise en œuvre | Durée d’application | Espèce impactée |
|---|---|---|---|
| Suspension pĂŞche au filet | 1er avril 2025 | 4 mois | Saumon atlantique |
| Levée de l’interdiction | 31 juillet 2025 | — | — |
| Reprise possible | 1er novembre 2025 | 80 jours | Espèces migratrices |
Lenteur des indemnisations et colère collective
Malgré les assurances données au moment du moratoire, le versement des indemnisations tarde à se concrétiser. Le Comité Régional des Pêches Maritimes de Nouvelle-Aquitaine souligne l’envoi, dès le 19 juin, de dix dossiers à FranceAgriMer, sans qu’aucune réponse ou fonds ne soit débloqué plusieurs mois plus tard. Les tensions s’accroissent à mesure que les pêcheurs s’enfoncent dans la précarité.
- Demande d’activation du fonds européen pour les affaires maritimes, la pêche et l’aquaculture (Feampa).
- Attente d’un arrêté préfectoral pour toute la saison 2025 sur l’Adour.
- Absence de communication officielle sur la date de versement des compensations.
Au sein des groupements professionnels, le sentiment que d’autres secteurs bénéficient d’un traitement prioritaire se répand, alimentant griefs et incompréhensions face à la gestion administrative de la crise.
Répercussions sur la filière : entreprises et territoires sous pression
La pêche au filet du saumon atlantique représentait, avant ces interdictions, un pilier économique pour de nombreux territoires de Nouvelle-Aquitaine. La fin brutale de la campagne a mis en lumière la dépendance étroite des petites entreprises locales à ce secteur vulnérable, alors même que d’autres enjeux, comme l’adaptation au changement climatique et la préservation des milieux aquatiques, s’imposent dans le débat public.
- Contraction de la filière saumon, pesant plus de 200 millions d’euros en Nouvelle-Aquitaine.
- Effondrement des filières annexes : mareyage, réparation navale, commerce de proximité.
- Pression sur le tissu social rural et côtier, avec risque de désertification et de perte de savoir-faire traditionnel.
La situation actuelle fait ressurgir la nécessité de repenser le modèle économique de la pêche artisanale, tout en préservant la biodiversité unique du bassin. Le manque d’accompagnement dans la transition renforce les fractures tant économiques que sociales.
| Secteur d’activité | Affecté par la crise | Conséquence directe |
|---|---|---|
| PĂŞche professionnelle | Oui | ChĂ´mage, faillites |
| Mareyage – vente directe | Oui | Baisse du chiffre d’affaires |
| Services navals | Oui | Carnet de commandes réduit |
Alternatives, luttes et perspectives pour la relance
Face à ce constat alarmant, des initiatives émergent pour tenter d’assurer la survie de la profession. Un dialogue s’amorce entre comités des pêches, élus locaux et administration pour adapter l’accompagnement aux réalités de terrain. Toutefois, la reprise, même temporaire, demeure fragile : 80 jours de pêche sont jugés insuffisants pour compenser des mois d’inactivité.
- Mise en place de nouvelles formes d’aide spécifiques, conditionnées à la reconversion partielle de l’activité.
- Mobilisation des collectivités pour soutenir moralement et financièrement les pêcheurs en détresse.
- Appels de la société civile à la sauvegarde de la biodiversité alliée à la sauvegarde de l’emploi local.
La recherche d’Ă©quilibre entre impĂ©ratifs Ă©cologiques et impĂ©ratifs sociaux constitue dĂ©sormais le nouveau dĂ©fi collectif Ă relever, alors que la rĂ©gion tente d’éviter une disparition totale de son patrimoine halieutique.
Derniers événements climatiques impactant la filière
Actualités locales Oloron-Haut-Béarn
Quelles sont les principales causes de la crise des pêcheurs du bassin de l’Adour ?
La crise actuelle trouve son origine dans l’interdiction de la pêche au filet visant à protéger le saumon atlantique, une espèce menacée. Cette mesure a entrainé une perte immédiate de revenus pour des dizaines de familles, aggravée par la lenteur du versement des indemnisations publiques et européennes.
Pourquoi les aides financières attendues tardent-elles à être versées ?
Les retards sont liés au traitement administratif des dossiers d’indemnisation par l’État et les organismes européens, ainsi qu’à des blocages dans la collecte et la validation des informations nécessaires. Malgré le dépôt rapide des dossiers dès juin 2025, aucune enveloppe n’avait été débloquée à la mi-octobre de la même année.
Quels sont les impacts sur les entreprises et l’économie locale ?
L’absence de revenus pour les pêcheurs provoque des faillites et une contraction violente du tissu économique local, affectant aussi bien la pêche directe que les métiers connexes tels que le mareyage, la maintenance navale ou les commerces locaux.
Des solutions sont-elles envisagées pour soutenir la filière ?
Des discussions sont engagées pour renforcer l’accompagnement financier et social des pêcheurs, y compris via des dispositifs de reconversion, mais les mesures annoncées peinent à se concrétiser face à l’urgence de la situation.
L’interdiction de la pêche concerne-t-elle d’autres espèces ?
Si la suspension la plus large visait le saumon atlantique, d’autres espèces migratrices sont aussi concernées par les mesures de régulation pour préserver l’équilibre écologique du bassin de l’Adour et s’adapter aux effets du changement climatique.
Source: actu.fr


