Longtemps considéré comme un simple couloir de passage pour la résine de cannabis venue de la péninsule Ibérique, le Pays-Basque bascule en 2025 dans une dimension inédite : la région est désormais un maillon décisif pour l’acheminement de cocaïne sud-américaine vers l’Europe du Nord. La saturation des grands ports atlantiques, où se multiplient les saisies à Rotterdam ou Anvers, pousse les réseaux internationaux à redessiner leurs itinéraires. Les cargaisons franchissent la frontière franco-espagnole par la route, empruntant la zone montagneuse entre Hendaye et Saint-Jean-Pied-de-Port avant d’être redistribuées vers Paris, Bruxelles ou Berlin. Les douaniers parlent d’« effet entonnoir » : les prises se comptent désormais en tonnes, et les modes opératoires se perfectionnent, du réservoir bricolé au camion-citerne. Face à cette émergence de filières, la police locale multiplie les interceptions et renforce la coopération transfrontalière. Mais sur le terrain, la criminalité organisée s’infiltre aussi dans l’économie légale : petites entreprises de transport, commerces de nuit, garages indétectables. Les élus s’alarment : « Le narcotrafic n’est plus un phénomène lointain. » À Bayonne, un tribunal spécial a déjà jugé 18 dossiers liés à la cocaïne depuis janvier. Les prochains mois seront décisifs pour endiguer ces nouvelles routes du trafic de drogues.
En bref
- 3 tonnes de cocaïne saisies sur l’A63 depuis janvier 2025.
- Basculage des organisations criminelles du fret maritime vers le transport routier.
- Nouvelle task-force douanière déployée entre Biriatou et Bayonne.
- Augmentation de 45 % des procédures de démantèlement de réseaux au Pays-Basque.
- Phénomène soutenu par la proximité de la plateforme logistique basco-landaise.
Nouvelle carte des routes de la cocaïne entre océan et montagnes
Pression portuaire et basculement vers le transport routier
En 2024, Rotterdam a dépassé le seuil record de 60 tonnes de cocaïne saisies, forçant les cartels à délaisser les conteneurs maritimes. Les Pyrénées-Atlantiques offrent un itinéraire plus discret : un maillage d’axes secondaires relie Irun, Col d’Ibardin et Mauléon, permettant de contourner les radars. Selon Europol, 75 % des lots interceptés cette année provenaient de Galice, chargés sur des camions frigorifiques.
- Itinéraires clés : A-15 espagnole, tunnels d’Arditurri, RN-135 française.
- Espaces d’attente : parkings poids lourds de l’aire de Bidart.
- Moyens de diversion : plaques polonaises ou tchèques pour brouiller le suivi.
| Point de passage | Nombre d’arrestations 2025 | Quantité saisie | Méthode de dissimulation |
|---|---|---|---|
| Péage de Biriatou | 26 | 1,4 t | Réservoirs modifiés |
| Col d’Organbidexka | 9 | 300 kg | Panneaux latéraux aimantés |
| Aire de service de Briscous | 14 | 820 kg | Double plancher |
Pour le chef de la douane basque, la frontière « n’est plus une ligne, mais un espace mouvant ». L’enjeu sera de coupler drones thermiques et capteurs de masse, afin d’anticiper le prochain virage des réseaux internationaux.
Mode opératoire des réseaux internationaux repérés en 2025
Les caches sophistiquées au cœur des camions
Le chauffeur routier bulgare intercepté avec 179 kg de cocaïne près de Bayonne illustre la tendance : les transporteurs louent leur véhicule à la semaine, échappant aux contrôles de propriété. Les douaniers décrivent des caches pilotées par bluetooth, dissociables en huit minutes seulement.
- Repérage en Espagne par des éclaireurs dotés de faux véhicules de dépannage.
- Transfert nocturne sur un parking isolé, avec brouilleurs GSM.
- Passage éclaire à la barrière de péage de Bayonne sud.
- Disparition dans un entrepôt « tampon » à Dax avant redirection vers l’Allemagne.
| Type de cache | Coût estimé (€) | Temps d’ouverture | Taux de détection 2024 |
|---|---|---|---|
| Double paroi réservoir | 15 000 | 12 min | 18 % |
| Citerne compartimentée | 35 000 | 25 min | 7 % |
| Caisson frigorifique réfrigéré | 50 000 | 40 min | 5 % |
Le parquet de Bayonne souligne que « la technologie n’est plus réservée aux séries », évoquant des puces GPS autonomes dissimulées dans les colis pour coordonner la chaîne logistique.
Réponse des forces de police et douane côté français
Bilan des interceptions et démantèlement
Depuis mars 2025, une cellule conjointe DGDDI-OFAST réunit 60 agents dédiés. En trois mois, elle a démantelé deux réseaux internationaux et saisi 4 millions d’euros de montres de luxe et d’armes de guerre. Un rapport sénatorial pointe néanmoins un déficit de scanners mobiles : seuls trois unités opèrent sur 200 km de linéaire frontalier.
- Renfort de 12 maîtres-chiens spécialisés en détection de stupéfiants.
- Mise en place d’un algorithme d’analyse de plaques d’immatriculation suspectes.
- Coordination avec la Guardia Civil pour les filatures croisées.
| Unité | Effectif | Saisies majeures 2025 | Procédures judiciaires |
|---|---|---|---|
| Douanes Hendaye | 140 | 1,1 t cocaĂŻne | 37 |
| OFAST Bayonne | 46 | 650 kg cannabis | 21 |
| Section aérienne Pau | 18 | Surveillance zones boisées | – |
Cette dynamique répressive s’accompagne d’un volet prévention : 25 lycées reçoivent des ateliers sur les risques du narcotrafic, une initiative cofinancée par l’Union européenne.
Impacts économiques et sociaux sur le territoire basque
Enjeux pour les habitants et pour la sécurité publique
Les maires de la Côte basque notent une hausse des agressions liées au recel de cocaïne. L’économie nocturne s’en trouve bouleversée : bars à pintxos, discothèques et VTC font l’objet d’offres de rachat par des prête-noms. Le procureur dénonce « une infiltration à bas bruit ».
- Prix moyen du gramme : 68 € (+12 % en un an).
- Fermetures administratives : 9 établissements depuis janvier.
- Plan municipal de vidéosurveillance étendu à Anglet et Biarritz.
| Ville | Faits de violences liés aux stupéfiants | Évolution 2024-2025 | Action municipale |
|---|---|---|---|
| Bayonne | 47 | +38 % | Brigade de nuit |
| Saint-Jean-de-Luz | 19 | +21 % | Curfew 02 h |
| Cambo-les-Bains | 6 | Stable | Ateliers prévention |
La Chambre de commerce envisage un label « entreprise propre » afin de barrer l’accès aux capitaux criminels. Les associations, elles, craignent un déplacement du problème vers l’intérieur des terres.
Quelles sont les drogues les plus saisies au Pays-Basque ?
La cocaïne représente désormais la majorité des saisies, devant la résine de cannabis et, à distance, les amphétamines.
Pourquoi la frontière franco-espagnole est-elle devenue stratégique ?
La configuration montagneuse offre des itinéraires secondaires peu surveillés, tandis que la proximité de vastes aires logistiques facilite la redistribution vers le nord de l’Europe.
Comment les forces de l’ordre détectent-elles les caches sophistiquées ?
Elles combinent scanners mobiles, chiens renifleurs et analyses de flux de circulation pour cibler les véhicules suspectés d’être modifiés.
Le phénomène affecte-t-il le tourisme basque ?
Pour l’instant, l’impact reste marginal ; cependant, les autorités craignent que la perception d’insécurité n’entame l’attractivité de la région si les violences s’accroissent.
Existe-t-il des coopérations européennes spécifiques ?
Oui, un groupe de travail réunissant France, Espagne, Portugal et Belgique partage les données en temps réel et organise des contrôles synchronisés sur les principales aires routières.
Source: www.tf1.fr



