Le nouveau président-directeur général de la SNCF, Jean Castex, a entamé une tournée express à bord d’un train régional entre Bordeaux et le Médoc pour prendre la mesure d’une colère qui monte depuis des mois chez les usagers. Retards à répétition, suppressions inopinées, quais inaccessibles : les doléances s’accumulent, quand, dans le même temps, la fréquentation des TER néo-aquitaine a bondi de 63 % depuis 2019. Face à une régularité tombée à 86 %, l’ancien Premier ministre s’engage à mobiliser « plusieurs milliards » afin de remettre d’aplomb un réseau ferré centenaire. Il cible un budget annuel de 4,5 milliards d’euros pour la régénération à partir de 2028, contre 3,5 milliards aujourd’hui, et promet l’arrivée de nouvelles rames Régiolis dès 2026. La visite à Parempuyre illustre sa méthode : écouter sur le quai, puis plaider à Paris. Reste à convaincre l’État et les Régions de suivre cet engagement financier, tandis que les lignes Brive-Tulle ou Périgueux-Agen menacent de fermer sans investissements rapides. Un retard technique sur le chemin du retour rappelle enfin que la démonstration, pour Jean Castex, doit se faire « portillon fermé », c’est-à -dire en conditions réelles de transport ferroviaire.
- En bref
- Régularité de la ligne 42 Médoc : 86 %, loin des 93 % visés.
- Fréquentation TER Nouvelle-Aquitaine : +63 % entre 2019 et 2025.
- Objectif budgétaire annoncé : 4,5 Mds €/an pour la régénération dès 2028.
- Nouvelles rames Régiolis prévues : 2 unités en service courant 2026.
- Lignes secondaires menacées : Brive-Tulle, Périgueux-Agen, Saint-Junien-Limoges.
Colère des usagers du TER : état des lieux 2025
Les indicateurs de qualité de service se dégradent. Sur la ligne à voie unique Bordeaux–Le Verdon, les retards excèdent 5 minutes dans 14 % des cas, contre 7 % en 2018. L’infrastructure, inaugurée en 1868, souffre désormais de limitations de vitesse temporaires dues à l’usure des rails et à l’obsolescence de la signalisation.
- Panne de signalisation : +28 % en un an.
- Arbres tombés sur la voie : +19 % liées aux tempêtes hivernales.
- Indisponibilités de matériel : 11 % des incidents recensés.
| Indicateur | Objectif régional | Réalité 2025 | Tendance |
|---|---|---|---|
| Ponctualité TER | 93 % | 86 % | – 2 pts/ans |
| Trains supprimés | < 15/mois | 42/mois | + 38 % |
| Temps moyen d’attente PMR | 5 min | 11 min | + 4 min |
Les incidents récents – telle la collision survenue en Gironde ou le drame ferroviaire impliquant deux adolescentes – accentuent la pression médiatique. Les associations rappellent que la sécurité reste prioritaire avant toute augmentation d’offre.
Engagement financier de Jean Castex : traquer les milliards manquants
Au micro installé dans la salle des fêtes de Parempuyre, Jean Castex annonce un plan en trois temps : recenser, arbitrer, financer. L’ancien locataire de Matignon affirme que la SNCF dispose d’une « boîte à outils » pour dégager des marges : externalisation de certaines maintenances lourdes, optimisation énergétique des gares, et cession d’actifs non stratégiques.
- Recherche de financements européens via le Mécanisme pour l’interconnexion en Europe.
- Négociations avec l’Agence de financement des infrastructures de transport pour allonger la durée des prêts.
- Mise en place d’un fonds de transition écologique dédié aux petites lignes.
| Source de financement | Montant potentiel (M€) | Échéance visée |
|---|---|---|
| Budget de l’État | 1 200 | 2026 |
| Fonds européen CEF-Transport | 650 | 2027 |
| Collectivités régionales | 980 | 2027 |
| Cessions d’actifs SNCF | 450 | 2028 |
Le scénario évoqué rappelle la récent mouvement social organisé dans les Pyrénées : sans garantie budgétaire, la contestation risque de se répéter. Les usagers attendent, eux, un calendrier précis et contrôlable.
Solutions techniques et calendrier des investissements
Les équipes d’ingénierie proposent un phasing en quatre étapes afin de minimiser les interruptions de trafic :
- 2025-2026 : remplacement de 22 km de rails et automatisation de trois passages Ă niveau.
- 2026-2027 : déploiement d’une fibre optique pour la signalisation, compatible ERTMS niveau 2.
- 2027-2028 : construction d’une voie d’évitement à Macau pour fluidifier le croisement des rames.
- Après 2028 : électrification partielle et expérimentation d’hydrogène sur les segments non électrifiés.
| Action | Coût estimé (M€) | Gain de temps | CO₂ évité/an |
|---|---|---|---|
| Renouvellement voie | 120 | – 3 min | 2 400 t |
| Signalisation ERTMS | 85 | – 2 min | 1 300 t |
| Voie d’évitement | 40 | – 5 min | 500 t |
| Hydrogène | 20 | N/A | 900 t |
Ces chantiers s’inspirent des retours d’expérience tirés de la mobilisation au Pays Basque en faveur d’une desserte plus verte et ponctuelle. Le plan comporte également un volet accessibilité, aligné sur la feuille de route nationale après l’accident du 15 janvier rappelé lors de la journée de mobilisation en Béarn-Bigorre.
Impact attendu sur la qualité de service et l’attractivité territoriale
La Région Nouvelle-Aquitaine ambitionne 110 000 voyageurs quotidiens en 2030. Selon les projections internes, le retour à 93 % de ponctualité génèrerait 7 % de fréquentation supplémentaire en deux ans, soit l’équivalent de 140 000 voitures en moins sur le réseau routier local.
- Réduction des temps de trajets domicile-travail : de 8 à 12 minutes selon les axes.
- Effet d’entraînement sur le tourisme ferroviaire, déjà stimulé par le projet de liaison Paris-Pays Basque.
- Baisse estimée des émissions régionales : 18 000 t de CO₂ par an.
| Segment | Ponctualité actuelle | Objectif 2027 | Projection 2030 |
|---|---|---|---|
| Bordeaux–Le Verdon | 86 % | 92 % | 94 % |
| Périgueux–Agen | 79 % | 88 % | 90 % |
| Brive–Tulle | 75 % | 87 % | 89 % |
Le tissu économique local table sur la création de 1 700 emplois indirects dans la maintenance et le numérique ferroviaire. Les restaurateurs espèrent également capitaliser sur la prochaine semaine gourmande, qui s’appuiera sur des offres « train + table ».
Quelle est la priorité immédiate de la SNCF sur la ligne 42 du Médoc ?
La priorité est la régénération de la voie : remplacement des rails, modernisation de la signalisation et création d’une voie d’évitement pour fluidifier le trafic sur cette portion à voie unique.
Pourquoi Jean Castex parle-t-il d’un besoin de 4,5 milliards d’euros par an ?
Ce montant permettrait de couvrir l’ensemble des travaux de régénération du réseau national, aujourd’hui sous-financé. Il inclut les petites lignes, souvent négligées, et la transition énergétique des matériels roulants.
Les usagers verront-ils des améliorations avant 2028 ?
Oui : la livraison de nouvelles rames Régiolis en 2026, couplée à des travaux ciblés, doit améliorer la ponctualité dès 2027, avant le gros cycle d’investissements programmé pour 2028-2030.
Quels risques si le financement n’est pas bouclé ?
Sans financement suffisant, plusieurs lignes secondaires pourraient être suspendues pour raisons de sécurité, contraignant les voyageurs à se reporter sur la route et augmentant les émissions de CO₂.
Source: www.sudouest.fr



