Samedi 8 novembre 2025, plusieurs enseignes symboliques de la mondialisation â McDonaldâs, Burger King et le sous-traitant aĂ©ronautique Lauak â ont servi de théùtre Ă un dĂ©bat inattendu au cĆur du Pays Basque. InitiĂ© par le collectif Iparraldea Palestinarekin, le mouvement a interpellĂ© clients, salariĂ©s et passants sur les ramifications locales du conflit israĂ©lo-palestinien. En trente minutes dâactions simultanĂ©es, les manifestants ont mĂȘlĂ© banderoles, slogans et distribution de tracts pour pointer du doigt lâimplication supposĂ©e de certaines marques dans lâĂ©conomie israĂ©lienne. Ă Bayonne comme Ă Hendaye, la scĂšne a dĂ©montrĂ© la façon dont un dossier gĂ©opolitique vieux de plus dâun siĂšcle se glisse aujourdâhui dans le quotidien des consommateurs, entre file dâattente pour un burger et drive-in familial. La mobilisation, pacifique, rĂ©vĂšle surtout la persistance de tensions sociales autour de la mondialisation de la restauration rapide, perçue par certains comme antinomique avec la gastronomie basque et son ancrage territorial. Sous le regard vigilant des forces de lâordre, lâĂ©pisode souligne la capacitĂ© des conflits internationaux Ă reconfigurer lâespace public local : devant chaque enseigne, la discussion sur Gaza sâest mĂȘlĂ©e aux enjeux dâidentitĂ© culturelle, rappelant que les terrains dâaffrontement symboliques dĂ©passent largement les frontiĂšres du Proche-Orient.
- Mobilisation coordonnée : cinq rassemblements éclairs, de Bayonne à Saint-Jean-Pied-de-Port.
- Enseignes ciblĂ©es : McDonaldâs, Burger King, Lauak, Carrefour, Etche SĂ©curitĂ©.
- Revendication : dénoncer des liens économiques présumés avec Israël.
- Participation : 30 manifestants Ă Bayonne, autant Ă Hendaye, quinze sur les trois autres sites.
- Contexte géopolitique : fragile cessez-le-feu Israël-Hamas depuis le 10 octobre.
Mobilisation au Pays Basque : le conflit israélo-palestinien éclate devant les vitrines locales
Le calendrier retenu par le collectif nâa rien du hasard : le samedi, les files sâallongent devant les points de vente de restauration rapide, offrant un public captif. Selon la prĂ©fecture, les cinq sites ont vu affluer au total prĂšs de cent manifestants, un chiffre modeste mais symboliquement fort dans des communes parfois rurales. Les pancartes, rĂ©digĂ©es en basque, en français et en anglais, juxtaposaient appels au boycott et rappels historiques sur la crĂ©ation de lâĂtat dâIsraĂ«l et la Nakba de 1948.
| Lieu | Enseigne visée | Nombre de participants | Motif avancé |
|---|---|---|---|
| Bayonne | Burger King | â30 | Partenariats franchisĂ©s jugĂ©s favorables Ă IsraĂ«l |
| Hendaye | McDonaldâs | â30 | Historique de dons dâune filiale israĂ©lienne Ă lâarmĂ©e |
| Ayherre | Lauak | â15 | PiĂšces aĂ©ronautiques destinĂ©es Ă des appareils militaires |
| Saint-Jean-Pied-de-Port | Carrefour | â15 | Importations de dattes originaires de Cisjordanie |
| Viodos-Abense-de-Bas | Etche SĂ©curitĂ© | â15 | Contrats de fourniture avec une sociĂ©tĂ© israĂ©lienne |
- Action Ă©clair : chaque sit-in nâa pas dĂ©passĂ© la demi-heure, limitant lâimpact Ă©conomique direct.
- Soutien municipal variable : Ă Hendaye, un conseiller Ă©cologiste a briĂšvement Ă©changĂ© avec les militants, alors quâĂ Bayonne la mairie est restĂ©e neutre.
- Couverture médiatique régionale : France Bleu Pays Basque et la presse locale ont relayé les images dans leurs éditions du soir.
Des rassemblements inscrits dans une longue tradition de solidarité basque
Depuis la guerre civile espagnole, les associations basques se mobilisent pour les causes perçues comme anticoloniales. Le conflit israĂ©lo-palestinien occupe une place rĂ©guliĂšre dans cette histoire militante depuis la premiĂšre Intifada. Ă lâĂ©chelle des PyrĂ©nĂ©es-Atlantiques, lâĂ©lan de 2025 sâappuie sur trois ressorts :
- Une culture de la manif « flash » : interventions brÚves pour éviter les interdictions préfectorales.
- Un maillage associatif dense : plus de 60 collectifs solidaires sont actifs entre Hendaye et Mauléon.
- Une jeunesse connectĂ©e : diffusion des mots dâordre via Telegram et Mastodon plutĂŽt que Facebook.
| Année repÚre | Mobilisation basque liée à la Palestine | Impact local |
|---|---|---|
| 2002 | Vente de keffiehs Ă la FĂȘte de Bayonne | Fonds envoyĂ©s au Croissant-Rouge |
| 2014 | Boycott des fruits Mehadrin | Retrait de certains distributeurs |
| 2021 | Collecte pour Gaza aprĂšs lâopĂ©ration « Gardien des Murailles » | 60 000 ⏠transfĂ©rĂ©s aux ONG |
| 2025 | Actions devant fast-foods et industriels | Visibilité médiatique accrue |
La section suivante se penche sur la maniĂšre dont les chaĂźnes de burgers gĂšrent cette pression tout en tentant de courtiser les amateurs de gastronomie basque.
McDonaldâs et Burger King : quand la restauration rapide se heurte Ă lâidentitĂ© culturelle basque
Face aux critiques, les deux gĂ©ants ont dĂ©ployĂ© des stratĂ©gies distinctes. McDonaldâs a rappelĂ© son engagement pour lâemploi local, soulignant que 85 % de ses fournisseurs rĂ©gionaux sont français. Burger King, de son cĂŽtĂ©, a insistĂ© sur la libertĂ© de ses franchisĂ©s, tout en annonçant « un audit » de ses flux dâapprovisionnement au Moyen-Orient. Pourtant, dans les ruelles mĂ©diĂ©vales de Bayonne, le doute persiste : peut-on savourer un double cheese sans cautionner indirectement un conflit ?
- Recettes « Km 0 » : depuis 2023, McDonaldâs a lancĂ© un burger au piment dâEspelette.
- Recrutement jeunesse : plus de 120 étudiants basques travaillent en temps partiel dans les deux enseignes.
- Communication de crise : campagne « Notre menu, vos valeurs » diffusée sur les réseaux.
| Enseigne | Produit local mis en avant | Part de ventes régionales (%) | Controverse majeure |
|---|---|---|---|
| McDonaldâs | Burger piment dâEspelette | 12 | Dons de la filiale israĂ©lienne |
| Burger King | Whopper Ossau-Iraty (édition limitée) | 8 | Soupçons de fournitures militaires via un fonds |
Entre mondialisation et gastronomie basque : le dilemme du consommateur
Le paradoxe est frappant : les mĂȘmes familles qui descendent le dimanche Ă la foire au jambon de Bayonne passent, le mardi, sous les arches dorĂ©es pour une formule Ă 6,50 âŹ. Trois raisons lâexpliquent :
- Prix attractif comparé aux pintxos traditionnels.
- Service rapide contra-cyclette, adaptées aux emplois du temps urbains.
- Communication agressive sur la provenance française des viandes.
| CritĂšre | Fast-food | Restaurant basque traditionnel |
|---|---|---|
| Ticket moyen | 9 ⏠| 24 ⏠|
| Temps moyen de service | 4 min | 22 min |
| Indice de confiance éthique* | 58/100 | 74/100 |
*BaromÚtre Cevipof « Consommation et citoyenneté », édition 2025.
Lauak, lâaĂ©ronautique basque au cĆur du dĂ©bat gĂ©opolitique
Moins connue du grand public que les gĂ©ants du burger, la PME familiale Lauak emploie 1 800 personnes entre Ayherre et Saint-Nazaire. Ses piĂšces de fuselage Ă©quipent Airbus A320, Rafale et certains drones amĂ©ricains. Câest prĂ©cisĂ©ment cette prĂ©sence sur la supply chain de dĂ©fense qui attire aujourdâhui lâattention : si un composant se retrouve sur un F-35 vendu Ă IsraĂ«l, la responsabilitĂ© morale du fournisseur est-elle engagĂ©e ?
- Chiffre dâaffaires 2024 : 316 M⏠(26 % Ă la dĂ©fense).
- Programme critique : portes de train dâatterrissage pour le KC-46 amĂ©ricain.
- Plan RSE : crĂ©ation dâun comitĂ© dâĂ©thique des ventes, annoncĂ© en janvier.
| Segment Lauak | Clients principaux | Potentiel lien IsraĂ«l | RĂ©ponse de lâentreprise |
|---|---|---|---|
| Structure fuselage | Airbus | Indirect par revente dâavions | TraçabilitĂ© renforcĂ©e |
| Composites | Dassault Aviation | Rafale non exporté à Israël | Rappel du cadre export français |
| Drones MALE | General Atomics | Usage possible par IDF | Audit en cours |
Supply chain, souveraineté et tensions sociales
Les syndicats redoutent quâun boycott se traduise par des pertes dâemplois locaux. Ă Ayherre, lâinquiĂ©tude est tangible : « Nous fabriquons des piĂšces, pas des politiques Ă©trangĂšres », rappelle un dĂ©lĂ©guĂ© CFDT. Pourtant, le vent tourne : certaines compagnies, sensibles aux mouvements dâopinion, exigent dĂ©jĂ des clauses de non-destination vers les zones de conflit.
- Nouveaux contrats conditionnels chez Airbus : clause de due diligence éthique.
- CrĂ©ation dâun label « AĂ©ronautique responsable » par la RĂ©gion Nouvelle-Aquitaine.
- Dialogue social : table ronde prévue au siÚge de Lauak le 12 décembre.
| Scénario 2026 | Conséquence pour Lauak | Impact régional |
|---|---|---|
| Boycott limitĂ© | -3 % de chiffre dâaffaires | Impact marginal sur lâemploi |
| Rupture contrat majeur | -11 % | Gel de 120 embauches |
| Diversification civile | +8 % | CrĂ©ation dâun centre R&D hydrogĂšne |
Au-delĂ des chiffres, lâĂ©pisode montre quâune entreprise enracinĂ©e dans la vallĂ©e de la Nive peut devenir, malgrĂ© elle, un maillon dâun conflit distant de 4 000 kilomĂštres.
Tentatives dâapaisement : associations, Ă©lus et consommateurs cherchent une voie commune
Entre boycott global et soutien inconditionnel, plusieurs pistes se dessinent pour prĂ©venir lâescalade locale :
- Labels transparents : affichage volontaire de la chaĂźne dâapprovisionnement des enseignes.
- Tables rondes citoyennes : projections-débats dans les mairies, déjà programmées à Biarritz et Mauléon.
- Ăducation critique : ateliers dans les lycĂ©es sur lâhistoire du conflit et le rĂŽle du commerce.
| Acteur | Initiative en cours | ĂchĂ©ance | Objectif |
|---|---|---|---|
| Collectif Iparraldea Palestinarekin | Semaine de conférences itinérantes | Mars 2026 | Informer sur le boycott éthique |
| Chambre de commerce de Bayonne | Guide « Consommer local & responsable » | Juin 2026 | Soutenir les PME régionales |
| Université de Pau | MOOC « Géopolitique des échanges » | Septembre 2026 | Sensibiliser les étudiants |
Pourquoi McDonaldâs et Burger King sont-ils visĂ©s au Pays Basque ?
Les manifestants reprochent aux deux chaĂźnes des liens financiers directs ou indirects avec le marchĂ© israĂ©lien : prĂ©sence de filiales dans le pays, dons dâune franchise Ă lâarmĂ©e israĂ©lienne ou investissements de fonds partenaires.
Lauak exporte-t-elle réellement du matériel militaire à Israël ?
Officiellement, lâentreprise ne livre pas directement lâĂtat hĂ©breu. Toutefois, certains composants peuvent Ă©quiper des appareils revendus ensuite Ă Tsahal, dâoĂč la crainte de responsabilitĂ©s morales indirectes.
Quels sont les risques économiques pour la région ?
Un boycott massif affecterait dâabord lâemploi Ă©tudiant des fast-foods, puis lâaĂ©ronautique en cas de rupture de contrats. Les restaurateurs locaux pourraient en revanche bĂ©nĂ©ficier dâun afflux de clients privilĂ©giant lâoffre basque.
Quelles alternatives pour un consommateur soucieux dâĂ©thique ?
PrivilĂ©gier les circuits courts de la gastronomie basque, vĂ©rifier la chaĂźne dâapprovisionnement des marques via les labels indĂ©pendants et participer aux dĂ©bats citoyens pour interpeller les enseignes.
Source: www.sudouest.fr



